Orgueil spirituel

On dit que l'orgueil spirituel est le fléau des âmes pieuses mais il faudrait sans doutes définir avant tout ce que représente ce vice... On en a avant tout l'image de quelque chose de grossier et ridicule caricaturé dans les pièces de théâtre, mais on oublie souvent que le propre de l'orgueil est de se dissimuler ; dans sa forme la plus perverse, il nous fait même croire que l'on est humble alors qu'un être présentant cette vertu ne la soupçonne pas, parce qu'il sait que cela serait impossible sans Dieu, que notre fragilité même fait la base de l'humilité: « quand je suis faible, c'est alors que je suis fort « (corinthiens XII 8-10 ) L'orgueil est le maître des péchés capitaux, il nourrit la racine, ce lichen sur la montagne qui subsiste en hauteur alors que tout le reste est mort... De la vanité (orgueil qui veut se faire voir, apprécier ) jusqu'à l'orgueil spirituel, il y a de nombreux degrés... Il s'enrobe partout, insidieusement, mieleusement, dans nos meilleurs sentiments, vicifiant la vertu jusqu'au désir même d'être saint, pour soi... Il va jusqu'à tromper celui qui lui a donné naissance dans ses pensées, le père du mensonge: Satan... Satan qui attise nos désirs de se sécuriser et empoisonne nos meilleurs sentiments avec cela ! Ainsi, il y a l'orgueil des « bien pensants » si bien décrits dans la parabole du publicain et du pharisien... Ils oublient, ô combien, que cette attitude continue à faire des ravages à notre époque y compris chez les chrétiens: « moi je fais ceci, cela, je suis dans la norme, dans les règles, j'irai au ciel (ou je réussirai) ne se rappelant pas que celui qui perd son âme la sauvera et qui gagne son âme, en se sécurisant, la perdra... Toute âme qui cherche une place, un pouvoir, pensant inconsciemment: « ça y est, je m'installe, c'est gagné » ; cette âme se rigidifie, se stratifie dans un orgueil insidieux, pharisien. Et n'est-on pas pharisien quand on pense que les paraboles sont pour les autres ou pour des temps révolus ? N'est-on pas pharisien quand on se sécurise dans le légalisme en jugeant les pécheurs qui s'égarent, en jugeant les audacieux passant de la justice au pardon sans que cela se sache ? Cela, non par faiblesse ou laxisme, mais parce que « le sabbat est fait pour l'homme et non l'homme pour le sabbat » Les règles sont pour la brute, l'amour dépasse les règles en les sublimant. Il y a eu la Loi mosaïque, il y eut Jésus accomplissant la Loi, il y a la Loi en Esprit et en Vérité. C'est toujours la Loi de Dieu. Comprenne qui voudra... S'installer, c'est mourir spirituellement ! Un vrai chrétien, à l'image du Christ, n'ambitionne rien que de servir avec les dons que Dieu lui a donné, il ne fait pas carrière: il est à la disposition de la Volonté du Seigneur dans les circonstances de la vie.. , il accepte un poste, une fonction mais est prêt à la quitter si le Maître de la moisson le veut. Trouver la voie de Dieu, ce n'est pas se croire de « ceux qui savent » en aidant leur prochain, c'est cultiver l'état d'âme que si d'autres avaient eu les mêmes grâces, ils feraient mieux que nous et avec plus d'amour, de désintéressement... Tout retour sur soi même, toute complaisance à se regarder est orgueil et il faut s'anéantir chaque jour en cultivant que tout nous est donné par l'Auteur de toutes choses ; sinon gare ! Le serviteur de dieu combat le mal avec la plus grande fermeté mais devant le pécheur, il compatit et fera tout pour le délivrer de son mal quelles que soient ses affinités, sympathies, antipathies et différences... Devenir Saint, c'est scruter l'orgueil avec un oeil impitoyable en se remettant chaque instant devant Dieu dans la prière et l'adoration... Prenons garde de ne pas sous estimer cette hydre à sept têtes ! Jetons-nous à l'eau chers amis, dans les bras du Seigneur, qui fera de nous des humbles. Soyons comme Sainte Thérèse disant: «Je veux être une Sainte» et quand on lui répondait: «Orgueil ! clamait : « Sainte, OUI, mais sans le savoir, petite, dans les bras de notre Jésus ! »