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La légitime défense vue sous l'angle de la doctrine catholique

"II n'est pas permis de tuer en se défendant, à moins que ce ne soit avec l'intention de proportionner la défense à l'attaque... on ne doit pas précisément se proposer de tuer quelqu'un pour se défendre soi-même" (Saint Thomas d'Aquin, Somme Théologique, Seconde partie, Quest. 64)

- Est-il permis de tuer quelqu'un en se défendant ?

Rien n'étant plus naturel que de défendre sa propre vie, on peut, d'après toutes les lois divines et humaines, repousser la force par la force, en mesurant la défense à l'attaque. Il n'est pas de nécessité de salut que, de peur de tuer un agresseur, nous négligions de défendre notre vie : nous sommes tenus de la conserver plutôt que celle du prochain. User d'une violence sans proportion avec la fin qu'on se propose, ce serait sans doute un acte illicite; mais repousser l'attaque avec une juste modération, c'est une défense très légitime. Toutefois, comme il n'est permis de tuer un homme que par autorité publique et pour le bien général, on doit se proposer la conservation de sa propre vie et non le meurtre de l'agresseur, à moins que l'on ne soit investi soi-même d'une autorité qui émane de la société et qu'en tuant un homme pour sa propre défense on ne contribue au bien général, comme le soldat qui combat contre les ennemis de la patrie ou l'agent judiciaire qui lutte contre des voleurs.

- Est-il permis à une personne privée de tuer un malfaiteur ?

Tuer un malfaiteur n'étant une mesure licite qu'autant qu'elle se rapporte au salut de la société, ce droit n'appartient qu'au chef chargé du soin général de la communauté, comme il n'appartient qu'au médecin à qui est confié le salut du corps entier de retrancher un membre gangrené. En conséquence, les princes investis de l'autorité publique peuvent seuls frapper de mort les malfaiteurs. Les particuliers n'ont pas ce pouvoir...

Il est permis aux simples particuliers de faire, pour le bien commun, une action qui ne nuit à personne. Mais, lorsqu'il s'agit de causer un dommage, il est nécessaire que l'autorité compétente décide ce qu'il convient d'enlever à la partie pour le salut du tout, ou prononce par un jugement public que le bien de la communauté exige la mort même du malfaiteur.

Source : Petite Somme théologique de saint Thomas d'Aquin: à l'usage des ecclésiastiques et des gens du monde par l'abbé Frédéric Lebrethon, ed. 1862, T. III, p. 285 (Partie II, quest. 64). (Ouvrage réédité par les éditions saint Rémi )


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